Éphémérides

Passez une bonne année en compagnie du Dossier Béton.

Décembre

1

L’émotion que vous procure le passage d’un mois à l’autre est intacte, année après année. Et avec en prime un gratin de courgettes ce midi, vous est un homme complet.

2

2 bouteilles de Banyuls au petit déjeuner. 3 demain. Bon courage pour le défi de décembre : « 1 bouteille de plus par jour ».

3

Vous vous perdez au beau milieu de la « Forêt aux 8000 violeurs ». Malgré des prix imbattables sur le week-end camping sauvage, ce n’était peut-être pas le bon choix pour une virée en famille, n’est-ce pas ?

4

Vous vous levez à deux heures du matin pour vous rendre dans les vignes du père Antonio. Vous forcez la grande porte coulissante du hangar et là, la vérité vous explose littéralement au visage. Votre moissonneuse batteuse est là, devant vos yeux, lesquels se remplissent de feu tant la colère vous envahit. Soudain, le père Antonio apparaît de derrière un tas de foin, une peau de chamois dans une main et un bidon de fuel dans l’autre. « Je t’attendais petit merdeux », vous adresse-t-il avec un sourire inquiétant avant d’arroser copieusement l’engin, de s’y installer, et disparaitre dans un incendie meurtrier.

5

Le docteur vous appelle à la rescousse : « Aidez-moi à soigner Madame Frolan, pour l’amour de Dieu ! ». « C’est vrai que vous avez le même nom qu’un chirurgien renommé mais cela ne vous confère pas les mêmes compétences », statuera le tribunal à votre procès, après votre huitième vasectomie échouée. Vous n’aurez alors de cesse de crier : « La neuvième sera la bonne ! La neuvième sera la bonne ! » alors qu’on vous trainera vers votre châtiment : devoir avaler sept litres de glace en une minute sans vous geler le cerveau.

6

Vous dessinez un octogone presque parfait et sans modèle. Bravo !

7

Un des quatre furets éthiopiens de votre colocataire a rongé tout le côté droit du canapé, le votre, avant d’y élire domicile. Vous tentez de prendre sa place au sein de la colonie de furets mais les trois restants ne vous apprécient guère et retournent vos draps contre vous. Ceux-ci vous susurrent alors à l’oreille des injures toute la nuit. Vous décidez de changer de colocation et vous retrouvez avec un ami d’enfance, l’avaleur de pinceaux.

8

On vous enlève enfin les attelles posées après votre malheureuse chute dans le Ravin aux Sept Idoles. Vous n’avez cependant plus aucun souvenir de cet événement. Vous retournez donc directement vous y jeter en effectuant, cette fois-ci, un merveilleux saut de l’ange.

9

Le maître sommelier vous indique que avez hautement dépassé votre quota individuel de champagne. Mal lui en pris ! Comme vous n’avez compris qu’un mot sur deux, vous grimpez difficilement sur la table de réception puis, après quelques remontées gastriques, vous déclarez dans un français oscillant à l’assistance intriguée : « Je relève le défi du tenancier ! » avant de plonger la tête la première dans le pot de sangria.

10

La chambre d’hôtel est prête, vous allez enfin pouvoir dormir après quarante-trois jours d’une cavale éreintante. Au beau milieu de la nuit, on frappe soudainement à la porte de votre chambre puis une voix hésitante s’élève : « Bonjour, heu monsieur, vouuus voulez des artiiclees ?? ». Les salauds de robots vous ont retrouvé. Vous lâchez un « Hasta la vista, baby ! » et activez la valise sous votre lit déclenchant une explosion emportant tout l’immeuble avec elle.

11

Votre femme accouche pour la quatrième fois cette semaine. Cette fois-ci cependant, ni garçon ni fille mais un formidable radio réveil de la marque Bronson’s & Bronson’s.

12

Devinez qui vient diner à midi ? Batman ! Espérons que vous saurez lui préparer les endives au Porto cette fois-ci.

13

L’œil nu comme un ver, vous observez le soleil douze heures durant. Un peu plus tard dans la nuit, sur votre lit d’hôpital du service spécialisé du professeur Dubois, votre famille vous entoure et s’interroge. « Rente sociale, mais rente quand même ! », soutiendrez-vous sans émotion, à travers les bandages qui vous entourent la bobine.

14

Les reproches de Miranda vous passent un kilomètre au dessus de la tête. Cependant, vous acceptez un marché : vous cessez de passer par le huitième étage pour rejoindre le rez de chaussée et Miranda vous remet le badge des sous-sols. Le précieux badge en poche, vous séjournerez une semaine dans les caves, un tournevis cruciforme à la main. « Retourne dans ton pays Macar ! ». La pauvre Miranda n’aura que ses épaules pour encaisser cette inscription gravée sur sa porte de garage, en lettres majuscules d’imprimerie.

15

Votre côte de popularité auprès de la famille Mévier a augmenté d’un point cette année. Par contre, les Grandjean n’ont pas trop apprécié que vous éternuiez au mariage du fils Vondor, vous perdez un point. Mais au fait, qui donc vous envoie ces rapports ?

16

Vous dessinez un grand carré sur la chaussée enneigée en crachant du Pepsi-Cola.

17

Les grillons rugissent à pleines ailes, en plein mois de décembre. Qu’avez-vous encore déversé dans leur kir à l’apéro ?

18

Invité malgré vous à la crémaillère de la voisine, votre tronche de six pieds de long s’illumine soudain à la vue de ce carton déballé rempli de chips en polystyrène. Il n’y a pas de petites économies, vous confortez-vous. En un nombre fort maîtrisé de manœuvres, votre pied entraîne discrètement le butin sur le palier. Il est temps de simuler une crise d’arthrose puis de dire au revoir à tout le monde. Bien joué Mr Bond.

19

Il ne vous reste plus qu’une toute petite quantité de spray anti-pamplemousse, allez-vous réussir à passer le 31 ?

20

Les orteils de bronze de la statue aux neuf épées résonnent à nouveau sur la fréquence exacte de la Danse des Canards. Il est enfin temps pour vous et votre équipe de tenter une nouvelle ascension du mont Volmor, célèbre pour son manège aux écrevisses et sa fontaine à Cola. Trois seulement survivront : Edith Ponjère, la vipère en plastique ; Émilien Fréquencio, le fabricant de tournevis et vous-même. De retour au campement, les mains vides, vous lâcherez un : « Tout ça pour ça… » avant de mettre un majestueux coup de pied dans la « Besace aux Écrevisses », désespérément vide.

21

Votre discour du solstice d’hiver a fait sensation. Le voici : Le jour de la valse des fumiers ; je rentre au foyer ; sans mes pastilles Vichy ; comme j’en suis sorti. Le droit du combat ; je l’aurai compris ; me conduira tout droit ; À la gendarmerie. Fin de citation.

22

Vous avez obtenu 45 votes sur un total de 75000 au concours de « Miss Soupir ». Courage, vous tenez le bon bout.

23

La Ligue des Ascenseurs vous a reconnu sur les vidéos de surveillance. Vous n’aurez désormais plus le droit de vous arrêter au quatrième étage d’un quelconque ascenseur. En même temps, vous l’avez bien cherché.

24

Vous récupérez tante Marjorie à la gare à neuf heures. À neuf heures cinq, vous êtes au courant de ce qu’elle a mangé, visité, acheté, vendu, perdu, lu depuis le vingt-cinq décembre dernier. Vous allez l’héberger pour les fêtes de fin d’année. Vous êtes foutu.

25

Votre cousin Antoine vous offre un œuf de Pâques pour la Noël. Ce sera votre seul et unique présent cette année. Vous l’avalez promptement puis retournez vous adonner à votre activité favorite, titiller les chevaux avec votre perche à selfies.

26

Vous laissez choir la toile qui vous couvre la tête depuis la mi-janvier. Contre toute attente, vous êtes reconnu comme « Sidney le Loup-Garou ». Après le millième autographe, vous décidez de brûler vôtre passeport pour assumer pleinement cette nouvelle identité.

27

Le Fantôme de Videla vous rend une petite visite routinière. Il vous suggère une dernière fois de forger une statue de cuivre à son effigie, dans une contre allée du château de Versailles. Sa promesse de vous fournir la compilation des plus grands sketches de Marc Jolivet achèvera de vous convaincre.

28

Votre autographe du champion régional de trampoline sous-marin 1995 a disparu. Vous le rangiez pourtant tous les soirs à son emplacement habituel, sous le troisième bocal de cornichons du placard du grenier. Vous vous ruez dans le salon où la petite famille regarde, en apparence, tranquillement le dernier épisode de « Mon incroyable koala ». Ni une, ni deux, vous repérez le fautif et lui décochez une fléchette empoisonnée en pleine gorge. Le reste de la journée sera ponctué de cris, pleurs et remords.

29

Le club de judo de votre fils organise le grand goûter de l’assemblée générale de l’année. Vous n’y êtes évidemment pas convié, tout le monde se souvient de votre attitude odieuse deux ans auparavant lorsque vous vous êtes permis de verser le punch sur le tatami nouvellement inauguré, ruinant le résultat de quinze ans d’économies du club à vendre des galettes à vil prix, tout en hurlant « Ces galettes étaient dégueulasses ! »

30

« On va s’en tirer ! », soutient courageusement votre grand père avant d’avaler, vous mirant droit dans les yeux, une demi-douzaine de Gardenil en comprimés, le puissant barbiturique qui lui assurerait un repos sans fin. N’allons pas nous mentir, il existe un risque que vous terminiez l’année sur le glacier Russell.

31

Assis au fond du chapiteau, vous n’arrivez toujours pas à réaliser ce que vous venez de faire. En moins d’un quart d’heure, vous avez avalé toute une boite de pantalons de clown. La petite fête que votre femme organise chaque année pour les enfants de l’orphelinat n’aura donc sûrement pas lieue. Celle-ci se pointe quelques minutes plus tard, vous voyant agoniser au beau milieu de la scène : « Aide-moi chérie, je crois… je crois que j’ai fait une grosse connerie », lui lâchez-vous, tordu de douleur. « Que t’arrive-t-il Emmanuel ? », lance-t-elle effarée. « J’ai… j’ai été poignardé par Belzébuth en personne alors que j’essayais de manger son pantalon ! », répliquez-vous. Votre famille aura tellement honte qu’elle s’arrangera pour que vous soyez coulé dans un dos d’âne, près du cloître.

< Novembre