Livre Béton

Robocop et la mortadelle, les coulisses d’une boulimie sans fin

Un bouquin écrit par Nadine MORANO

Prix : 24 €


Morceaux choisis :

La révélation d’une addiction longtemps cachée

Ce livre est pour moi l’occasion de révéler deux terribles addictions : celle de Robocop pour la mortadelle bon marché et la mienne, pour ces succulents, onctueux, délicieux, ravissants et truculents navets.

Le choc au réveil

Un lundi matin, alors que je descendais de ma chambre pour petit-déjeuner, je remarquais une note imprimée à l’encre robotique sur le buffet : « Parti au puits réparer les tuyaux ». Je ne savais pas trop quoi en penser (Robocop n’étant pas très doué pour les tâches manuelles) mais j’en étais sûre, il préparait sûrement un mauvais coup. Peut-être pas un aussi mauvais coup que la fois où il avait inversé les conduites d’eau et de gaz, mais quelque chose clochait terriblement. Le soir, Robocop revenant du puits, me demanda d’une voix fatiguée : « Une tranche de mortadelle… ». Ce que sa vision cybernétique ne lui révélait peut-être pas, c’est qu’il en avait encore plein les lèvres.

Le doute s’installe

Un soir d’hiver, les navets vinrent à manquer, aussi je dû m’absenter quelques minutes pour aller en chercher de nouveaux à la réserve. Avant de quitter la maison, je mettais tout de même Robocop en garde : « Mon cher, cette mortadelle doit nous tenir tout l’hiver ! ». Une fois seul, Robocop s’empara alors du couteau, et découpa de fines tranchettes de charcuterie pour Nadine, laquelle se faisait bien attendre… La consommation totale de mortadelle fut inévitable.

Un échange de bons procédés

Nous avions fait un pacte : « Rapporte-moi de la mortadelle du marché et je te couvrirai de bons navets de mon jardin » avais-je un jour dit à Robocop. Cependant, ce que je ne soupçonnais pas, c’est que l’addiction de Robocop était telle que je devais faire jusqu’à 34 allers-retours par jour pour satisfaire les besoins monstrueux du gentil robot. Lorsque Robocop vous demande de lui rapporter de la Mortadelle en échange d’un bon kilo de navets de son jardin personnel, qui peut refuser ? Je vous le demande ?

Pris dans l’engrenage du plaisir

Au dernier printemps, et alors que Robocop venait de recevoir sa pension alimentaire Robocotorep, nous décidâmes d’investir dans l’immobilier en acquérant une pergola flambant neuve. Ce qui m’étonna de prime abord fut l’investissement massif en temps et en énergie de l’effroyable robot dans ce projet. Durant la semaine que durèrent la destruction puis la construction de notre nouvel édifice, je ne vis Robocop à la maison que quelques fois seulement, pour retrouver un outil égaré ou pour avaler un des délicieux « Crunch Navet » que je lui avais préparé.

J’aurais dû m’en douter, moi qui avait d’ordinaire un tel flair pour déceler les petites astuces des robots, mais si Robocop mettait tant d’ardeur à construire cette nouvelle pergola, c’est qu’il voyait en elle une nouvelle cathédrale de la Mortadelle, où les cierges seraient des saucissons entiers et où les flammes qui les consumeraient ne seraient que le cœur atomique de l’irréparable robot. Lorsque je réalisais enfin mon erreur, il était hélas trop tard, la consommation avait repris de plus belle.

Et pendant que Robocop, là-bas au loin sous la pergola, se goinfrait de mortadelle, moi je me mangeais de bons navets tout en regardant ses batteries se vider, irréversiblement, j’avais un peu honte, je voulais agir, mais il y avait quelque chose d’hypnotique à regarder Robocop se gaver de mortadelle.

Une catastrophe évitée de justesse

Une nuit de novembre, durant laquelle Robocop avait mangé énormément de mortadelle, le droïde passa de justesse à coté de la catastrophe. Du gras de porc avait séché dans ses circuits, ce qui aurait pu le laisser inanimé pour toujours. Heureusement, j’étais encore éveillée (je mettais des navets dans le bac à légumes). Je soulevais la carcasse du gentil droïde à la seule force de mes deux bras, et l’emmenais aux urgences robotiques de Saint Louis. Le cyborg sauvé, je lui fit jurer de ne plus jamais trop manger de mortadelle, sous peine de rupture de notre amitié. En rentrant, nous nous préparâmes un bon plat de navet (et pas mal de mortadelle).

Épilogue : une lueur d’espoir

Robocop a décidé de ne plus participer aux incroyables marathons de dégustation de mortadelle qu’il s’infligeait parfois pendant des jours entiers.

Robocop est aujourd’hui mort et Nadine est à la recherche d’un nouveau champion afin de continuer son épopée de la mortadelle.